On apprenait hier dans le JDD que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a pris position sur les conséquences budgétaires de la primaire de la droite pour la campagne de 2017 : « Les dépenses à la primaire doivent être inscrites dans les comptes de campagne si elles ont pour finalité l’obtention du suffrage des électeurs lors de l’élection présidentielle à venir ».
En effet, les dépenses effectuées à partir du 1er avril de l’année précédent l’élection présidentielle sont intégrées dans le compte de campagne du candidat. Auparavant, lorsqu’il n’y avait pas de primaire, la règle ne posait pas de problème puisqu’on ne dépensait pas des millions un an avant le scrutin. Mais aujourd’hui, alors que la primaire semble devoir devenir la règle pour désigner un candidat, les conséquences sont plus lourdes.
Les budgets prévisionnels de certains candidats déclarés à la primaire sont assez importants : Alain Juppé a prévu 3 millions d’euros, Bruno Le Maire et François Fillon 2 millions chacun. Or, le budget du gagnant de la primaire devra être déduit de son plafond de dépenses autorisées pour la campagne de 2017. Par exemple, si, au hasard, Alain Juppé remportait la primaire et se qualifiait au second tour de l’élection présidentielle, ses possibilités de financement ne seraient plus de 22,5 millions d’euros au maximum, comme la loi l’autorise, mais de 19,5 millions d’euros (22,5 – 3 millions de la primaire).
En face, on ignore encore si une primaire à gauche aura vraiment lieu. Mais considérant cette donnée il est permis de dire qu’il serait très avantageux pour le PS de ne pas organiser de primaire. En effet, s’il n’y a aucune primaire à gauche, le candidat du PS n’aura aucune somme à déduire de son plafond autorisé en 2017. Le candidat de gauche pourrait ainsi dépenser 22,5 millions d’euros en 2017 alors que le candidat de droite ne pourrait en dépenser, par exemple, que 19,5 millions.
Or tout le monde a bien compris qu’à gauche, il vaudrait mieux pour François Hollande qu’il n’y ait pas de primaire. Cette donnée financière devient alors un avantage pour lui et un argument pour tuer dans l’oeuf une éventuelle primaire : si on n’organise pas de primaire on peut plus dépenser que la droite. Et l’argent étant le nerf de la guerre dans un campagne électorale, l’argument ne manque pas de poids…
D’une manière générale, si le budget de la primaire d’un parti vient se déduire de ses plafonds de campagne, alors le parti d’en face a intérêt à ne pas organiser de primaire. Autrement dit, si un seul parti désigne son candidat par le biais d’une primaire, c’est un cadeau financier qu’il fait à celui d’en face. Cette année ce pourrait être LR qui fasse ce cadeau au PS. La situation pourrait être inversée en 2017, sauf à ce que l’éventuel président LR sortant ne se représente pas et oblige ainsi à la primaire dans son parti.